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III

Le premier et le second jour de Pâques, Sazonka passa son temps à boire ; il se battit, fut roué de coups et dut coucher au poste. C’est le quatrième jour seulement qu’il parvint à se mettre en route pour l’hôpital.

La rue inondée de soleil était toute bigarrée par les taches éclatantes des blouses de cotonnade rouge et l’éclat joyeux des dents blanches qui grignotaient des graines de tournesol ; çà et là, on jouait de l’accordéon, des parties d’osselets s’engageaient, un coq chantait à pleine voix, défiant le coq du voisin. Mais Sazonka ne regardait rien. L’œil poché, la lèvre fendue, il avait l’air

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