tesse, mais il ne se frottait plus les mains, il les avait cachées derrière son dos ; il resta muet.
— Qu’en penses-tu, me tuera-t-on, oui ou non ? Mais répond donc sans gêne, nous sommes des vieillards tous les deux.
Iégor hocha la tête ; ses cheveux noirs et crépus retombèrent sur son front ; il regarda le gouverneur.
— Comment savoir ? Je crois qu’on vous tuera, Excellence.
— Et qui me tuera ?
— Le peuple, donc ; la communauté, comme on dit chez nous à la campagne.
— Et le jardinier, qu’en pense-t-il ?
— Je ne sais pas, Excellence, il ne m’a rien dit.
Tous deux soupirèrent.
— Je suis donc condamné ! Assieds-toi…
Mais Iégor n’obéit pas à l’invitation et ne répondit rien.
— J’ai cru qu’il fallait tirer. On criait des injures, on lançait des pierres, j’ai presque été atteint.
— C’est le chagrin qui les faisait agir ainsi.