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— En voilà une sale bête !… Où Madame est-elle allée chercher ça ?…

Mais Amélie la reprit tout de suite :

— Voulez-vous parler mieux que cela de mon singe. Apprenez que je veux que vous le traitiez très gentiment. Ce n’est pas une sale bête, c’est un gentil petit Bijou… Vous allez mettre son couvert, à table, à côté du mien.

La camériste haussa les épaules.

— Il ne manquerait plus que ça ! Il va tout casser ! Les singes, c’est des animaux malfaïsants, d’abord… Ah bien ! Je vous promets de l’agrément ! Madame en sera vite dégoûtée !

Bijou n’était pas, depuis assez longtemps, arrivé de Bornéo pour avoir encore acquis des manières civilisées et il ne sut pas se tenir à table aussi bien que sa maîtresse le croyait. Il se livra même à quelques facéties, de son cru, s’emparant des fruits qui se trouvaient dans une coupe et les mangeant à lui tout seul, sans en laisser un à Amélie. Celle-ci le lui pardonna d’ailleurs, trouvant charmant tout ce qu’il faisait.

Lorsque vint l’heure de se retirer dans sa chambre, la servante demanda :

— Où voulez-vous qu’on le couche ?… Si on l’enferme dans la cuisine, il va sûrement tout abîmer…

— Comment, dans la cuisine ! fit Amélie indignée… Mais je le garde avec moi, dans ma chambre…

— Avec Madame ?… Dans sa chambre ?…

— Bien sûr !…

Amélie passa dans son cabinet de toilette. Bijou la regardait faire sa toilette de nuit. Et naturellement, il voulut toucher à tous les flacons, si bien qu’il renversa sur lui une bouteille d’eau de Cologne, ce qui mit sa maîtresse momentanée dans une joie folle…

Il était furieux et sautait de tous les côtés. Amélie eut beaucoup de peine à s’emparer de lui.

Pourtant, il se calma lorsqu’elle le caressa. Évidemment, il goûtait une joie au moins égale à celle de sa maîtresse au contact de la main fine et blanche qui passait doucement sur son corps velu.

Elle lui parlait gentiment :