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— Ça ne prouve rien, on peut la préserver d’elle-même… à Je vais aller la trouver… Je lui parlerai.

— Laisse-la donc tranquille, déclara Gustave, tu n’y gagnerais rien. Elle serait furieuse après toi, et voilà tout.

— Si j’avais su, reprit Gaston, je l’aurais tué, ce singe !…

— Merci ! s’écria Gisèle… Tuer Bijou ! Mais je ne veux pas, moi… C’est un petit animal très amusant. Ce n’est pas de sa faute si Amélie est amoureuse de lui…

— Écoute, dit Gustave, calme-toi… Viens plutôt dîner avec nous. Après, si le cœur t’en dit, tu iras faire une scène à Amélie, bien que, comme tu le disais tout à l’heure, tu n’aies encore aucun droit pour cela.

Cédant aux instances de son camarade et de l’amie de celui-ci, Gaston consentit à ne pas aller troubler le tête-à-tête d’Amélie avec Bijou. Et tous trois s’en furent dîner.

Mais Gisèle et son amant essayèrent en vain de distraire leur compagnon. Il était maussade et ne pensait qu’à cette fantaisie extraordinaire de la femme dont il était épris et qui le dédaignait pour un singe…

Il monologuait tout seul :

— Je la sauverai ! disait-il… Je l’empêcherai de faire une chose pareille !…

Le dîner terminé, tous trois revenaient, Gaston ayant accepté de reconduire Gustave et Gisèle jusqu’à la porte de cette dernière.

Les deux amants étaient très gais. Ils savouraient égoïstement le plaisir de se trouver ensemble, et, dans l’auto qui les ramenait tous les trois, tandis que Gaston seul était absorbé dans ses pensées, Gustave et Gisèle se tenaient enlacés, échangeant des baisers.

De temps en temps, Gisèle, compatissante, essayait encore d’arracher le jeune homme à son obsession.

— Vous avez tort de vous entêter, lui disait-elle. Laissez donc Amélie à ses singes. Vous trouverez bien une autre petite femme qui vous plaira et qui vous aimera mieux.

Mais Gaston ne voulait pas se laisser consoler. Il ne voulait pas céder la place à Bijou ni à aucun autre de ses congénères.

Comme ils arrivaient, une auto s’arrêtait devant la