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Il sortit joyeux ; il marchait dans la rue avec un petit air conquérant qui semblait dire :

— L’Univers est à moi !

En réalité, il pensait :

— Amélie est à moi !… Il ne faut pas contrarier la femme qu’on aime. Puisque celle-ci a du goût pour les chimpanzés, nous lui en présenterons un de derrière les fagots.

Et il se rendit chez Gisèle pour avoir des nouvelles de la dame de son cœur.

Or, les nouvelles qu’il allait apprendre étaient sensationnelles.

Bijou avait disparu !

Le petit singe, le lendemain du jour où il avait assisté aux démonstrations d’amour de Gisèle et de Gustave, était devenu subitement très triste. Il ne bondissait plus joyeusement sur les genoux de sa maîtresse, ne se pendait plus après les rideaux et ne lançait plus les coussins à travers la pièce. Rien ne l’intéressait. Il avait pris une attitude morose, mangeait à peine et se cachait dans les coins les plus reculés… d’où il ne sortait que s’il entendait sonner à la porte… Alors il accourait, mais rebroussait chemin dès qu’il avait vu le visiteur ; il s’attardait davantage seulement s’il s’agissait d’une femme, tournait autour d’elle, puis s’allait cacher de nouveau. Évidemment Bijou attendait le retour d’Amélie dont il était éperdument amoureux…

Et, le troisième jour, le petit singe, profitant de ce qu’une fenêtre était ouverte, s’était enfui sans qu’on pût le rejoindre. Il avait escaladé les gouttières, gagné les toits et s’était réfugié on ne savait où.

Bijou était certainement parti pour essayer de retrouver celle dont il avait été si brutalement séparé par l’arrivée inopinée de M. Alfred Camus, lequel eût, soyez-en persuadé, passé un vilain quart d’heure, si Bijou l’avait rencontré sur son chemin.

Mais ni M. Alfred Camus, ni personne n’avait rencontré Bijou sur son chemin. Bijou avait dû être recueilli par quelqu’un qui le retenait prisonnier, car on le rechercha en vain.

Gisèle était contrariée, mais en prenait son parti. Quant à Amélie, insouciante du trouble qu’elle avait causé dans le