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— Cela est votre affaire !… Si vous êtes réellement le grand savant que tout le monde affirme…

— Comment, si je suis… Mais jeune homme… votre doute m’offense !… |

— Alors… je me confie à vous… Il s’agit de soigner un cas pathologique spécial, et cela concerne le médecin… Je vous demande de me faire confectionner sur mesure une peau de singe qui donne l’illusion.

— Cela regarde un naturaliste… un empailleur…

— Oui, mais auquel vous devez donner des indications que votre connaissance parfaite de la zoologie vous permet à vous seul de trouver !…

— Mais dans quel but ?

— Dans le but de guérir une jeune femme d’une passion hors nature.

Et Gaston raconta l’histoire d’Amélie sans nommer celle-ci.

— J’ai bien réfléchi, dit-il en terminant. Il n’y a qu’un moyen de la guérir : l’homéopathie…

— En lui faisant croire qu’elle a un singe pour amant. Et vous désirez entrer pour cela dans la peau du personnage… simiesque.

— Vous avez deviné juste, maître.

— Eh bien !… Je vais y réfléchir… Revenez me voir après-demain.

Lorsque Gaston fut parti, Valentin Troubelot se prit la tête dans les mains. Il resta longtemps, longtemps à méditer, en oublia de manger, de boire et de dormir…

Et, comme les premiers rayons du soleil levant venaient éclairer la fenêtre de son cabinet de travail, il se leva, s’écriant comme feu Archimède :

Eurêka ! J’ai trouvé !… Ce sera le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre.

Lorsque le surlendemain, Gaston Raboulet revint chez l’illustre professeur, celui-ci lui frappa sur l’épaule en lui disant :

— Soyez heureux, jeune homme, soyez heureux, vous serez un chimpanzé parfait !… Tout le monde s’y trompera…

Gaston n’était pas moins radieux que Valentin Troubelot.