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— Il donne une poignée de main comme un homme.

— C’est presque un homme aussi, dit Gustave. Il appartient à une espèce très rare, qui est celle qui se rapproche le plus de l’homme. Examinez-le bien.

Gustave n’avait pas besoin de dire cela. Amélie contemplait le pseudo-chimpanzé… sans le quitter des yeux.

— Je vais lui donner un gâteau, dit-elle, pour l’apprivoiser.

Et elle sortit de son sac un biscuit qu’elle tendit au prétendu Loulou.

Il fallut que Gaston fit des grâces, prit le biscuit avec la main et le grignotât à la manière des singes…

— Je vais l’emmener tout de suite, dit-elle… mais pas chez moi. Si Alfred le voyait, il y aurait encore un drame.

« Seulement, cette fois, j’ai pris mes précautions. J’ai loué un rez-de-chaussée exprès pour le recevoir. Ce sera son appartement…

— Au moins y avez-vous fait mettre un cocotier ? demanda Gustave… Il aime beaucoup grimper après les cocotiers…

— Comment voulez-vous que j’aie trouvé un cocotier… et surtout que j’aie pu le placer dans un rez-de-chaussée ?

— Loulou, tu n’auras pas de cocotier ! fit Gustave… Tu vas être bien malheureux…

Gaston poussa son ami du coude ; prisonnier de son enveloppe simiesque, il ne pouvait rien dire, mais il trouvait la plaisanterie de mauvais goût.

Cependant, Amélie s’approchait et le caressaïit :

— Il est beau, Loulou, disait-elle… C’est le mignon petit Loulou à sa mémère… Il va être bien heureux avec elle… Je suis sûre qu’il ne voudra plus la quitter, moi !…

« Il faut que je l’embrasse…

Et, sans pudeur aucune, la jolie fille se mit à embrasser le singe. Elle le sentait trembler à son contact…

— Oh ! dit-elle… On dirait que ça lui fait de l’effet !… Il a l’air tout troublé.

Le pauvre Gaston était au supplice. Il était obligé de se retenir pour ne pas prendre Amélie dans ses bras et lui rendre ses baisers. Mais comment l’aurait-il fait à travers sa peau de