Page:Andre-Chermy-Amour de Singe-1924.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 30 —

Elle avait dit « singesses », car « guenon » lui répugnait…

« Loulou » répondit par un grognement, un grognement qui cachait toute une phrase retenue dans la bouche de l’homme par un effort considérable.

En revanche, il se fit plus violent, et sa main plus experte certes que ne l’aurait dû être celle d’un singe — s’enfonça dans la chevelure de la femme, défaisant la coiffure.

Amélie ne se plaignait pas.

— On dirait un fauve ! pensait-elle. Oh ! c’est bien comme je me l’étais figurée.

Elle ne résistait pas… elle laissait les mains velues et audacieuses la caresser, et elle frissonnait sous cette caresse nouvelle pour elle. Tous ses sens étaient exaspérés.

Elle allait se donner entièrement à la bête sans un sursaut, sans une révolte.

Il l’étendit sur le lit. Il se couchait contre elle, frottant son corps contre le sien.

À travers la dépouille de l’animal l’homme sentait tous les frissons voluptueux de la femme transformée et redevenue la femelle… se replongeant, comme elle le disait elle-même, dans l’animalité.

Elle regardait cette face de brute… et il lui semblait qu’elle s’animait, il lui semblait qu’elle se faisait, au moment de la posséder, moins bestiale, que l’œil, tout brillant qu’il fût, devenait plus humain.

Elle s’enlaçait au singe ; c’était elle à présent qui le serrait tant qu’elle pouvait, pour éprouver au paroxysme l’impression que lui causait cette peau velue contre sa chair nue…

— Mords-moi un peu, Loulou… un tout petit peu !… dit-elle.

Elle avait peur et elle désirait qu’il la mordit…

Gaston pensa :

— La mordre ! Oui… je devrais… un mâle en rut doit mordre sa femelle !

Mais il ne le pouvait pas ! La mâchoire du singe était bien agencée. Troubelot avait composé un mécanisme parfait… mais il n’avait pas prévu que la femme aurait envie d’être mordue !…

— Serre-moi !… répétait-elle… serre-moi !… Loulou… Prends-moi !… Prends-la, ta femelle de singe…