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Page:Andre-Chermy-Amour de Singe-1924.djvu/33

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Et elle ferma les yeux avides de sensation, pleine d’un désir fou, tandis que son étrange amant la possédait…

— Oh ! Loulou, criait-elle… Loulou… Mords-moi ! Mords-moi !… Je le veux !

Loulou ne la mordit pas… et pour cause !

Mais, d’un geste brusque, il ramena la couverture sur sa maîtresse, de son bras velu lui boucha les yeux…

La pièce était plongée dans une obscurité presque complète ; avant de se coucher, Amélie avait fermé soigneusement les rideaux…

Et la femme, pâmée dans les bras de la bête, reçut cette caresse inattendue et incroyable : Elle sentit des lèvres gloutonnes s’appuyer sur les siennes, et elle dit, dans un souffle :

— Un baiser !… Oh ! un baiser de singe !…

Gaston n’avait pu résister ; la tentation était trop forte… de sa main restée libre, profitant des ténèbres, il avait dégagé sa bouche pour embrasser sa maîtresse…

Celle-ci avait éprouvé une émotion considérable.

Ses nerfs étaient tendus excessivement… elle s’évanouit…

Gaston la considérait inanimée.

— Elle va se réveiller, dit-il… Lorsqu’elle reviendra à elle, il faut qu’elle retrouve le singe.

Mais dans sa précipitation, il avait dérangé le mécanisme savant imaginé par Valentin Troubelot. Il sentait sa tête de singe mal assurée sur ses épaules.

Il ne pouvait rester ainsi, sous peine d’être deviné.

Que faire ? La situation devenait périlleuse. Le jeune homme prit le seul parti qui lui restait : fuir !

Sautant sur le sol, il courut à la fenêtre, l’ouvrit et bondit dans la rue !

v

La Chasse au Singe


Bondir dans la rue était chose aisée. L’appartement où Amélie avait conduit Gaston était, on le sait, situé au rez-de-chaussée, et le faux chimpanzé n’eut pas de mal à retomber sur ses mains.