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Heureusement la rue n’était pas très fréquentée. Il ne s’y trouvait personne à ce moment. Sans réfléchir, le jeune homme se mit à courir.

Il n’avait pas fait cent mètres qu’il se trouvait nez à nez avec une vieille femme, laquelle poussà des cris désespérés… s’affaissa sur le sol en appelant :

— Au secours ! Au secours !…

Un gamin accourut, puis des concierges des maisons riveraines.

— Qu’y a-t-il ? lui demanda-t-on.

— Un singe !…

— Comment, un singe !

— Oui… un singe énorme. Il a voulu me tuer ! Il s’est échappé par là… Courez vite après lui !

Et l’on courut après le pauvre Gaston.

Une poursuite folle commença. Le fugitif avait beau tourner dans les rues pour dépister les poursuivants, ceux-ci ne le lâchaient pas.

Des gardiens de la paix s’étaient joints à la foule et couraient eux aussi.

— Mon Dieu ! se disait Gaston. Comment vais-je me tirer de là ?… Je vais sûrement être rattrapé !… Que pourrai-je dire ?… Je ne peux pourtant pas me laisser traiter comme un singe…

Il se voyait déjà emmené à la fourrière comme tous les animaux « trouvés errants sur la voie publique », Car, pour l’instant il n’était pas autre chose !…

Il ne pouvait trouver de salut que dans la fuite, et il continuait à courir…

Il s’engouffra, — pourquoi ? il ne le savait pas lui-même — dans une maison, espérant se cacher dans un réduit quelconque… où il pourrait quitter sa peau de singe. Mais à peine avait-il pénétré dans ce logis inconnu qu’il se souvint qu’il n’avait pas de vêtements… Il était nu sous l’enveloppe du chimpanzé… et il lui eût été aussi difficile de s’évader dans cet état que sous l’aspect d’un animal…

Les poursuivants s’étaient arrêtés devant l’entrée de l’immeuble,

— Ça va ! dit un agent… On le tient…

Puis il alla informer la concierge.