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Page:Andre-Chermy-La-Chair-est-faible-1926.djvu/15

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— Vous n’entendez pas… ce refrain : Joue-moi-z’en ?…

— Que voulez-vous que je vous joue ?…

— De la trompette !

— Bigre !… vous allez fort |

— Ce n’est pas moi ! Ce sont ces gens. On dirait qu’ils le font exprès… Écoutez-moi cette sarabande !…

— Je n’entends que vos discours qui sont bien amusants.

Le pauvre Anatole commençait à faiblir. À voir cette jolie fille dans son lit, il éprouvait, plus violente que l’instant d’avant encore, l’envie folle de l’aller rejoindre, d’autant plus que les échos de ce qui se passait — il ne savait où, mais tout près de lui — contribuaient encore à l’exaspérer.

Hypocritement, il s’était rapproché du lit.

— C’est bien curieux, dit-il, que vous n’entendez pas ! Approchez un peu votre oreille de la cloison.

Mais la servante poussa un cri effarouché.

— Je vous vois venir, vous. Vous voulez me jouer un air de trompette qui n’est pas de mon goût… J’aime mieux m’en aller.

Et, rejetant les couvertures, elle manifesta l’intention de mettre pied à terre.

Mais, dans le geste qu’elle fit, elle se découvrit. Son peignoir s’ouvrit et elle apparut, revêtue seulement d’une chemise.

La tentation était trop forte.

Anatole Delaperche oublia tout d’un coup sa mission officielle, le discours qu’il devait prononcer au nom du ministre, et même les voisins qui l’importunaient si fort.

Et comme Ernestine posait son petit pied, dont la