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Page:Andre-Chermy-La-Chair-est-faible-1926.djvu/26

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afin de ne pas arriver au débotté dans la ville, et d’être bien dispos pour prononcer son discours.

Donc, Anatole passait la dernière nuit chez lui avant de prendre le lendemain, le train de 8 h. 57 du matin.

Il fut surpris lorsque sa femme lui dit :

— J’ai pensé que je pourrais peut-être t’accompagner dans ton voyage.

Le chef de bureau fit un bond :

— Ce n’est pas possible !… Ça ne se fait jamais. Le ministre serait très mécontent… C’est une mission sérieuse et officielle, ce n’est pas une partie de plaisir.

Mme Delaperche poussa un profond soupir :

— Je vais m’ennuyer mortellement pendant ton absence…

— Tu iras passer ces quelques jours chez ta mère…

— Ce ne sera pas la même chose… Je n’ai pas si souvent l’occasion de quitter Paris… surtout avec toi…

— Nous irons en voyage ensemble une autre fois…

Mais la jeune femme ne se tint pas pour battue.

Au moment de se mettre au lit, elle se fit caressante, comme elle ne l’avait pas été depuis longtemps.

Elle se blottit contre son époux, lui passa les bras autour du cou, l’embrassa gentiment et lui dit :

— Je suis jalouse, Anatole… On ne sait jamais ce qui peut arriver. Si tu allais me tromper !

Anatole, étonné de cette manifestation inattendue, ne répondit qu’au bout d’un instant, et ce fut pour déclarer :

— Te tromper ! Tu n’es pas folle !… À quoi penses-tu là ? Et comment veux-tu que je te trompe dans un pays où je ne connais personne.

— On ne sait jamais. En voyage, on a vite fait connais-