Aller au contenu

Page:Andre-Chermy-La-Chair-est-faible-1926.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 26 —

— Je le pense bien !… Seulement, tu n’es pas assez amoureux de moi !…

Le brave Delaperche était renversé. Il sentait contre lui la chaleur du corps de son épouse qui le provoquait ainsi et il était tout prêt à céder à cette provocation légitime… Il se retenait cependant, en pensant qu’après, il ne pourrait plus refuser à sa femme de l’emmener avec lui à Ixy-sur-Loire…

Et il se disait que son devoir de fonctionnaire s’opposait dans la circonstance à l’accomplissement d’un devoir conjugal qui n’avait pourtant rien de désagréable, bien au contraire…

Mais une femme ne se tient pas, en de telles circonstances, facilement pour battue.

La jolie Mme Delaperche poussa un profond soupir :

— Anatole ! dit-elle, tu ne n’aimes plus ?…

— Mais si… mais si !…

Elle le regarda, ses beaux yeux, brillants et espiègles, se posèrent sur les siens, et elle fit, avec un petit rire :

— On ne le croirait vraiment pas !…

— Ah ! On ne le croirait pas ! Et pourquoi donc ?…

— Parce que tu n’as pas l’air de t’apercevoir que je suis couchée auprès de toi !…

Cela était de la logique la plus éclatante, Anatole n’avait pas eu jusque-là l’air de s’apercevoir du manège de son épouse, mais il s’imposait une contrainte qui ne pouvait durer plus longtemps…

Sa résistance était à bout…

Et il capitula !… Il capitula pleinement et Mme Delaperche fut sur-le-champ enlacée, embrassée, aimée… autant — plus même peut-être — qu’elle le désirait…

Elle en manifesta, vraie ou simulée, la joie la plus