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Page:Andre Cresson - La Philosophie francaise.djvu/125

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CONCLUSIONS GÉNÉRALES

Nous avons essayé de dégager les caractères propres de la philosophie française et de marquer les principales étapes qu’elle a franchies du xiiie siècle jusqu’à nos jours. Rien de plus caractéristique que cette histoire. La civilisation française a été, en grande partie, produite et consolidée par l’action permanente du catholicisme. C’est lui qui, pendant des siècles, a fourni leurs thèmes à nos éducateurs. C’est lui qui a confirmé l’autorité de nos rois. C’est lui qui a dominé l’esprit de nos législateurs. C’est lui que chaque église de village rappelle et symbolise à toute heure aux yeux de tous. Or le catholicisme s’appuyait sur certains principes fondés sur ce qu’on estimait être la Révélation confirmée par la Raison, existence d’un Dieu créateur, immortalité de l’âme, caractère divin de la morale évangélique, liberté et responsabilité de l’homme devant l’homme et devant Dieu, obligation de vivre ici-bas pour une autre vie en raison de la faute originelle de nos premiers parents. Ces principes, plus l’esprit critique s’est affermi, plus les sciences positives et l’histoire se sont développées, plus ils se sont révélés discutables et ruineux. Fallait-il donc renoncer à notre éducation traditionnelle ? Fallait-il réformer complètement, avec les conceptions religieuses, les idées morales et politiques qui avaient joué chez nous un si grand rôle ? Ce problème, nos penseurs l’ont tôt soupçonné. Or, d’instinct, la plupart