Aller au contenu

Page:Andre Cresson - La Philosophie francaise.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
LA PHILOSOPHIE FRANÇAISE

d’entre eux se sont refusé à le résoudre par l’affirmative. De là, parmi eux, deux courants bien distincts : ceux qui, à la fin du xviiie siècle, essayent de se persuader que les règles de la morale traditionnelle ne sont nullement compromises par l’effondrement de la métaphysique catholique et cherchent des raisonnements subtils pour les maintenir malgré la destruction de leurs bases ; ceux qui se refusent aux suggestions les plus générales des sciences et se réfugient ou dans un scepticisme intégral, ou dans une interprétation pragmatiste de leurs résultats, afin de leur retirer leur venin métaphysique et d’autoriser la raison, sans compromettre des recherches et des découvertes précieuses pour la vie, à maintenir, avec l’affirmation chrétienne du devoir, celles de la liberté de l’homme et de sa responsabilité. C’est ce drame que nous venons de voir se jouer par deux fois aux heures critiques de notre philosophie française. C’est bien, en effet, le développement des sciences qui a amené la ruine progressive de l’édifice scolastique du xiiie siècle et les affirmations déterministes et athées des Encyclopédistes du xviiie. Et c’est bien pour sauvegarder certains éléments essentiels de notre civilisation chrétienne qu’après l’échec de la morale soi-disant rationnelle de l’intérêt bien entendu, les écoles traditionaliste, éclectique et même positiviste ont fait leur tentative du début du xixe siècle, le traditionalisme voulant restaurer le catholicisme intégral, le spiritualisme, en ressusciter tout au moins l’argumentation déiste, le positivisme, maintenir sa règle d’amour et ses institutions éducatives et politiques. Et n’est-ce pas, au fond, une seconde tentative du même ordre qui se poursuit dans la philosophie française contemporaine ? Qu’est-ce, en effet, que l’effort persévérant