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LA VILLE DE JULIETTE


À Vérone, fin juin.



En vérité, rien ne m’attend, il me semble, à Vérone, sinon Dante et Shakspeare. Mais le Grand Florentin n’est qu’un souvenir : Shakspeare est une présence. Il n’y eut jamais ni Capulets ni Montaigus dans Vérone : ils y sont pourtant, parce que le poète l’a voulu.

Je laisse le dur Toscan, cette flamme de bronze, monter l’escalier des Scaliger, et promener de conseil en conseil son âme irritée, si altière et si ardente. Mon Shakspeare me prend par la main ; il veut que j’aille avec lui où les noces éternelles de l’amour et de la mort se sont enfin consommées.

Je cherchais Juliette, et la trouvai bientôt. La maison des Capulets est dans une rue à leur nom, au cœur de la vieille ville. Si Juliette n’y a pas dormi, elle aurait pu y veiller : seule, la maison des Scaliger est plus chenue, et d’air plus antique. Ce