xxiv
JARDINS D’AMOUR
uis, quittant son tombeau rouge et noir, j’ai fini la journée dans les jardins de Juliette.
Le crépuscule est délicieux aux Jardins d’Amour, qu’à présent on appelle Giusti. On passe le fleuve ; au-delà du pont, on monte, et l’on tourne derrière une église. Une grille, et l’on ne se doute pas du paradis qu’elle défend.
Une petite cour, qui a la couleur d’un cœur de rose au soleil, me sépare d’abord, avec une exquise complaisance, de la ville et du siècle. La brique rose y a ces tons de vieil air et de drap très ancien, qu’elle prend avec la pluie séculaire des ans, sous un ciel qui tantôt pleut, et tantôt brûle. La vigne vierge s’enlace à une couronne de créneaux roses, et, déjà dorée, elle mêle aux fleurons de brique ses tendres pampres. Et certes, ce courtil féodal est bien digne des Montaigus et d’une amour ducale.