Page:Andre Suares Voyage du Condottiere Vers Venise, 1910.djvu/251

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
243
voyage du condottière

En avant !

Puissé-je franchir de même la frontière de toute laideur, la limite interdite par les vaincus, insolents aux cœurs qui veulent vaincre. Non pas bondir comme un enfant, puissé-je marcher du pas qui possède la terre, au delà du terme que fixe la médiocrité et que maçonne la petitesse de la vie.

Puissé-je ne rien garder à mes semelles de tout ce que je quitte, et ne rien emporter que mes belles douleurs, mes belles conquêtes, toutes mes victoires sur moi-même en tant de combats où j’ai été vaincu selon le monde, défait, par la laideur et révolté par le bruit.

Que les trompettes du soleil sonnent dans la solitude ! L’armée des siècles est derrière moi, nourrie de moelle, droite en sa cuirasse, et taciturne. Le monde qui nous est promis, et que nous voulons épouser dans la conquête, est toujours au delà. Adieu, tout ce qui reste en arrière. Ne tournons plus la tête.

En avant !


fin du premier livre