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iv

PANDARA


À Bellagio.



C’est la journée des odeurs.

Je suis environné de parfums. L’air sent comme un fruit mûr. La terre a son odeur forte de matrice, de chair chaude et de sueur.

Les fleurs se cherchent de tous leurs yeux. Les fleurs dans la lumière sont des rétines colorées, qui ne vivent que de voir et d’être vues.

Là-haut, Serbelloni, la villa dans les arbres, est le sommet végétal de Bellagio, coiffé de lumière. Elle porte le ciel comme un pétase bleu. Serbelloni, Bellagio, noms légers, pleins d’ailes et de mirages, ils ont presque du bellâtre, tant ils tournent autour de la voyelle et de la belle. Tout est calme, parfum, faste et volupté.

La senteur cuisante des lauriers me poursuit. Les lourdes ombelles en bouquets blancs ou roses sortent des branches et vien-