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Page:Andre Suares Voyage du Condottiere Vers Venise, 1910.djvu/91

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XIV

LÉONARD À MILAN


La Cène, à Sainte-Marie-Des-Grâces.



Qui n’a point grandi dans le culte de Léonard, n’a pas subi la séduction de l’intelligence. Mais qui s’en contente, n’eut pas la force d’aller au-delà. Plus d’un s’arrête sur la route, et ne finit pas sa croissance.

L’intelligence est la passion des jeunes gens. Mais la vie est la passion de l’homme. C’est le cœur seul qui fait vivre. Trois fois, j’ai rendu visite à Léonard : où j’avais cru, d’abord, trouver un dieu, je ne vois plus qu’un prince des esprits ; c’est à lui désormais que je fais des questions, et ce n’est pas à lui que je dois toutes les réponses.

Je fus à Sainte-Marie des Grâces, que je ne me souciais pas encore d’être à Milan, tant j’étais porté par le désir. J’y volais, au printemps. Le soleil de Pâques riait comme une petite fille, sur la douce église qui a la couleur de la chair, et dont les