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LES NOCES CHYMIQUES

merveilleux posant sa tête sur le livre se laisse décapiter humblement. Son corps est incinéré sur l’autel à l’aide du feu pris à la petite lumière. On conserve ses cendres purifiées dans une boite de cyprès. Que l’attention du lecteur ne se laisse pas détourner ici par l’épisode comique inséré dans ce but.

Les Artistes désignés par la Vierge, sont admis à contempler le Grand Œuvre intégral, sans s’arrêter à la transmutation des métaux et à la production artificielle de l’Or « qui sont une partie de l’art, mais non la plus noble, la plus nécessaire et la meilleure ». Nous devons reconnaître la profonde justesse des paroles du Vieillard qui les recueille : « L’homme ne reconnaît jamais la bonté que Dieu lui prodigue ».

Au septième étage, les artistes dupés par la Vierge, opèrent des transmutations, mais les élus les contemplent depuis les combles, tout en travaillant à la résurrection du Roi et de la Reine. Cette résurrection prend toute sa signification vraie si on relit le passage où on nous montre les Artistes soufflant à perdre haleine sur un brasier ; ils ne sont en effet que des soudeurs par rapport aux alchimistes admis à coopérer aux miracles de la Palingénésie. De même qu’ils avaient nourri l’Oiseau du sang de personnes royales ; de même on nourrira de son sang les deux figurines fabriquées avec sa cendre, et ceci n’est pas sans mystère. Lorsque les corps inertes ainsi fabriqués atteignent les proportions harmonieuses qui en font un objet d’admiration pour notre héros, on suspend leur alimentation pour procéder à leur animation mais cette animation s’entend au sens propre du mot : anima, âme, fixation de l’âme sur le support matériel ou écorce fabriqué par les artistes. Cette cérémonie purement magique doit retenir l’attention du lecteur par les singularités qu’elle offre. La salle où elle se déroule présente une architecture curieuse sept demi-sphères dont celle placée au centre est percée d’une ouverture ronde, (les six autres étant vraisemblablement disposées autour d’elle suivant le mode hexagonal). Six vierges apportent chacune une trompette, et chacun des deux corps reçoit trois âmes par l’intermédiaire de trois trompettes appliquées sur sa bouche. Ces âmes descendent sous forme de rayon de feu, par l’ouverture ronde du sommet de la Tour. Ce fait que l’Auteur mentionne sans appuyer mérite d’être médité par les curieux de Science. Les astrologues se souviendront qu’au moment de la mort, les influences planétaires acquises au moment de la naissance retournent aux planètes qui leur avaient donné naissance, mais les Alchimistes verront là la judicieuse utilisation du fourneau des Sages. Le reste du récit ne mente pas de mention spéciale, et je n’en dirai pas plus avant aujourd’hui sur le Commentaire du Sixième Jour.