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LES NOCES CHYMIQUES

se termine le Septième Jour des Noces Chymiques de Christian Rosencreutz et aussi nos commentaires sur ce sujet.

Toutefois, j’éprouve quelques remords, à laisser le lecteur qui m’a suivi jusqu’au bout sur une fin de chapitre aussi sèche, et estimant que nous avons acquis maintenant quelques droits à épiloguer sur ce texte, je vais lui dispenser quelques conseils puisés à une expérience personnelle chèrement acquise. Mais avant tout, j’adresse mes vœux sincères de réussite à ceux qui, après cette lecture vont s’aventurer sur « La Voie d’où l’on ne revient jamais ».

Me conformant à la division en sept jours de ces Noces Chymiques, je diviserai également en sept parties les quelques vérités essentielles que je suis heureux d’énoncer ici, bien que sub rosa afin d’éviter à mes véritables frères en Hermès des errements longs et trop souvent ruineux.

1o  Ne t’engages sur la voie que si tu possèdes le temps et l’argent nécessaires pour conduire à bien tes travaux.

2o  Si tu as un ami, c’est bien ; si tu es seul, c’est mieux, à moins que cet ami ne te soit envoyé par la Providence pour te guider dans ta course philosophique sur la piste où se croisent tant de différents sentiers et que coupent tant de précipices.

3o  Lis peu, et pense beaucoup, et cherche à bien comprendre le sens caché des allégories diverses en les comparant entre elles. Les Auteurs n’ont pas parlé, ou fort peu, des Travaux d’Hercule par lesquels débute le Magistère, de même que de la nature de la matière première et de celle du feu secret des Sages. Il t’appartient de pénétrer seul ces arcanes. Personne au monde ne te les dira en langage clair, car ils sont « incommunicables ».

4o  Agis pour les autres comme j’agis pour toi, mais n’entreprends pas le Magistère si ton cœur et tes intentions ne sont pas purs, ce serait courir à ta perte certaine.

5o  De même que dans la nature il y a trois règnes, il y a dans notre art trois médecines ou trois degrés différents de la perfection de notre Élixir, mais comme il est écrit dans le Triomphe hermétique : « Les opérations des trois œuvres ayant beaucoup d’analogie, les Philosophes en parlent souvent à dessein en termes équivoques et les mélangent pour confondre l’Artiste ignorant. Dans chaque œuvre tu dois dissoudre le corps avec l’esprit, couper la tête au corbeau, blanchir le noir et rougir le blanc » Quod ex corvo nascitur, hujus artis est principium, écrit Hermès dans ses Sept Chapitres.

6o  L’artiste qui en est arrivé à ce point, peut travailler avec certitude, à condition de garder dans le succès de l’œuvre une foi indéfectible. Qu’il n’oublie pas qu’il y a deux mercures ; le blanc est le bain de la Lune, le rouge celui du Soleil. Ils doivent être nourris