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AVANT-PROPOS

La puissance de l’homme est plus grande qu’on ne saurait l’imaginer. Il peut tout par Dieu, rien sans Lui, excepté le mal.
Pernety (Fables Égyptiennes et Grecques).

— Si « Peau d’Âne m’était conté, j’y prendrais un plaisir extrême ». C’est bien, en effet, un plaisir de cette nature que j’éprouvais à la première lecture du manuscrit des « Noces Chymiques » que m’avait obligeamment communiqué mon ami Paul Chacornac. À l’habile fiction s’ajoute l’humour, et la seule version considérée comme conte fantastique suffit à retenir l’attention.

On conçoit sans peine que l’œuvre de Valentin Andréae ait donné lieu à de passionnées controverses car d’une première lecture superficielle on ne garde que l’impression d’une malicieuse moquerie à l’adresse des nombreux alchimistes de son époque, d’un « Lubridium » visiblement écrit dans le but d’égarer les chercheurs d’or mais en relisant avec attention, on découvre aisément plusieurs broderies sur une même trame. Ceci me remet en l’esprit les images superposées imprimées en vert et en rouge que l’on trouvait autrefois dans les boites de jouets, et dont les dessins incohérents, à première vue, recelaient à l’œil des curieux deux scènes de nature totalement différentes suivant que l’on appliquait dessus une feuille de gélatine colorée en vert ou en rouge. Je crois qu’il faudrait appliquer à la lecture des « Noces Chymiques » ce système d’écrans