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VI
LES NOCES CHYMIQUES

colorés, pour distinguer non point deux, mais trois ouvrages dans le même texte : Un conte allégorique, un traité sur l’Initiation des Frères de la Rose-Croix, un traité d’alchimie dont le sens est d’autant moins apparent qu’il est embrouillé dans les deux précédents, et que sans doute volontairement, pour le rendre plus inextricable, l’ordre des opérations est quelconque.

On a prétendu que V. Andréae écrivit les « Noces Chymiques » sous l’anonymat à l’âge de seize ans, et qu’il en reconnut plus tard la paternité dans son « Vita ab ipso conscripta ». Cela me paraît fort improbable car il écrivait en tête de l’édition d’alors « Ne jetez pas de perles aux pourceaux ni de roses aux ânes ». Il serait pour le moins singulier, qu’un adolescent de seize ans fut ainsi familiarisé, avec un adage courant parmi les vieux Maîtres de l’Hermétisme. Il s’étonne dans son autobiographie que des gens sérieux aient pu considérer comme une histoire vraie ce qu’il appelait un jeu. S’il n’y avait vraiment là qu’une satire spirituelle, pourquoi y mélanger des remarques très profondes, et des passages d’une haute philosophie ? Un des meilleurs auteurs de notre époque, Georges Courteline, nous a habitués à ce genre de douche écossaise, en nous mettant à même de deviner le sens profond de la vie, sous le masque de la gaieté. Je ne crois pas qu’Andréae puisse être considéré comme son précurseur peut-être regretta-t-il plutôt d’avoir été trop prolixe, et a-t-il cherché plus tard à égarer le lecteur sur l’importance d’un ouvrage où il avait très habilement condensé les suprêmes enseignements de son Ordre.

Fr. Wittemans a consacré à Valentin Andréae et son œuvre, une monographie dans son « Histoire des Rose-Croix ». J’ai tout lieu de suspecter la pureté de ses sources de documentation, car le lecteur possédant cet ouvrage pourra en confronter le texte avec le « curriculum vitae » écrit par Paul Chacornac en tête des « Noces Chymiques ». Il était nécessaire de souligner que la Fama et la Reformatio ne sont point l’œuvre de Valentin Andréae mais qu’il les publia « par ordre ».

Ces « Noces Chymiques » devaient constituer le bagage indispensable de connaissances hermétiques pour les adeptes devant