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LES NOCES CHYMIQUES

de retourner encore une fois près de son époux ; et lorsqu’elle l’eut rejoint elle lui confia son chagrin en pleurant et en soupirant. Or, le seigneur, entièrement rassuré sur les sentiments de fidélité de son épouse, la renvoya à son amant, estimant qu’à un tel prix il l’avait gagnée. Le gentilhomme fut tellement touché par cette droiture que, dans la crainte de pécher en prenant une honnête épouse, il la fit retourner près de son seigneur, en tout honneur. Mais, quand le petit vieillard connut la probité de tous deux, il résolut de rendre tous les biens au gentilhomme, tout pauvre qu’il était, et repartit. Et maintenant, chers seigneurs, j’ignore laquelle de ces personnes s’est montrée la plus honnête ».

Nous nous taisions, et la vierge, sans répondre davantage demanda qu’un autre voulût bien continuer.

Le cinquième continua donc comme suit :

« Chers seigneurs, je ne ferai point de grands discours. Qui est plus joyeux, celui qui contemple l’objet qu’il aime ou celui qui y pense seulement ? »

— « Celui qui le contemple » dit la vierge. — « Non, » répliquai-je. Et la discussion allait éclater lorsqu’un sixième prit la parole :

« Chers Seigneurs, je dois contracter une union. J’ai le choix entre une jeune fille, une mariée et une veuve ; aidez-moi à sortir d’embarras et je vous aiderai à résoudre la question précédente ».

Le septième répondit :

« Lorsqu’on a le choix c’est encore acceptable ; mais il en était autrement dans mon cas. Dans ma jeunesse, j’aimais une belle et honnête jeune fille du fond de mon cœur et elle me rendait mon amour ; cependant nous ne pouvions nous unir à cause d’obstacles élevés par ses amis. Elle fut donc donnée en mariage à un autre jeune homme, qui était également droit et honnête. Il l’entoura d’affection jusqu’à ce qu’elle fit ses couches ; mais alors elle tomba dans un évanouissement si profond que tout le