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TROISIÈME JOUR

sible d’atteindre. Au milieu de la salle se trouvait un prie-dieu ; la reine s’y agenouilla et nous nous prosternâmes tous autour d’elle et répétâmes la prière que la vierge lisait dans l’un des livres ; nous demandâmes avec ferveur que ces noces s’accomplissent à la gloire de Dieu et pour notre bien.

Ensuite nous parvînmes à la seconde salle, où la première vierge suspendit à son tour le poids qu’elle portait ; et ainsi de suite, jusqu’à ce que toutes les cérémonies fussent accomplies. Alors la reine tendit de nouveau la main à chacun de nous et se retira accompagnée de ses vierges.

Notre présidente resta encore un instant parmi nous ; mais comme il était presque deux heures de la nuit elle ne voulut pas nous retenir plus longtemps ; — j’ai cru remarquer à ce moment qu’elle se plaisait en notre société. — Elle nous souhaita donc une bonne nuit, nous engagea à dormir tranquilles et se sépara ainsi de nous amicalement, presqu’à contre-cœur.

Nos pages, qui avaient reçu des ordres, nous conduisirent dans nos chambres respectives, et afin que nous puissions nous faire servir en cas de besoin, notre page reposait dans un second lit installé dans la même chambre. Je ne sais comment étaient les chambres de mes compagnons, mais la mienne était meublée royalement et garnie de tapis et de tableaux merveilleux. Cependant je préférais à tout cela la compagnie de mon page qui était si éloquent et si versé dans les arts que je pris plaisir à l’écouter pendant une heure encore, de sorte que je ne m’endormis que vers trois heures et demie.

Ce fut ma première nuit tranquille ; cependant un rêve importun ne me laissait pas jouir du repos tout à mon aise, car toute la nuit je m’acharnais sur une porte que je ne pouvais ouvrir, finalement j’y réussis. Ces fantaisies troublèrent mon sommeil jusqu’à ce que le jour m’éveillât enfin.