Page:Andry - L’Orthopédie, tome I.djvu/396

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marcher, ou d’être debout, ne peuvent se tenir sur leurs jambes, que de mauvaise grace ; cela suffit souvent pour qu’ils soient regardés dans le monde avec un certain mépris. On sçait ce que dit là-dessus la Bruyere : Qu’un sot ni n’entre, ni ne sort, ni ne s’assied, ni ne se leve, ni n’est sur ses jambes, comme un home d’esprit[1].

Cette maxime de la Bruyère est souvent fausse, mais en général elle est conforme aux mœurs du temps, & il faut y avoir égard, si l’on veut être bien venu dans le monde ; je dis qu’elle est souvent fausse, parce qu’un sot, & un sot qui méritera d’autant plus d’être regardé comme tel, qu’il n’y aura rien en lui de cultivé que le corps, se présentera souvent de meilleure grace, & sera mieux planté sur ses pieds, qu’une personne d’esprit qui aura mis, avec tout le succès imaginable, sa principale étude à cultiver sa raison. Le célèbre Voiture avoit l’air niais[2], & étoit, dit-on, un des hommes le plus mal planté sur les pieds ; la Fontaine, si connu par ses Fables, n’avoit, tout de même,

  1. Caract. de ce siécle, mérite personnel.
  2. Hist. de l’acad. Franç. par M. Pelisson.