Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/129

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est en elle-même : or il est constant, comme le remarquent de sçavans Medecins, que jamais Praticien experimenté, n’a trouvé que le frequent usage de ce legume fût salutaire. En effet, comme ces Medecins l’observent encore, & comme l’experience le fait voir, les lentilles sont d’une substance grossiere & terrestre ; elles engendrent un sang épais & melancholique ; elles appesantissent la tête & les yeux, ce qui les rend trés-dangereuses aux gens de Lettres ; elles produisent outre cela un suc atrabilaire, d’où peuvent naître quelque-fois des cancers, & plusieurs autres maladies de cette nature. A la verité la décoction de lentille lâche le ventre ; mais pour la lentille en substance, elle n’a jamais produit aucun bon effet, quoi-qu’en puissent dire les Medecins Arabes, qui n’ont introduit que trop d’erreurs dans la Medecine[1].

  1. Lentes crassi & mali succi sunt, difficilisque coctionis, alvum astringunt, melancholicum sanguinem procreant, cerebro nocent, oculorum aciem obtundunt, morbos ab atrâ bile pariunt, ut elephantiasim & cancros… Tantùm abest ut prosit ejusmodi sive alimentum, sive medicamentum ; imò non potest quin plurimum noceat. Nullus quippe vir doctus, aut qui saltem periculum fecerint, bona fide asseveret ex earum usu, ullum uspiam felicem deprehendisse successum, quidquid contra scripserint, Arabes, omnium errorum qui in artem medicam irrepserunt, & authores & principes. Et si jus lentium sale & oleo