Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/133

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& que ce legume étoit tel qu’on ne pouvoit le corriger entierement, de quelque maniere qu’on l’apprêtât[1]. Cette opinion avoit tellement prévalu chez les Anciens, qu’ils prétendoient qu’il ne falloit pas moins que la prudence du plus sage pour le sçavoir apprêter : de-là étoit venu ce proverbe si commun parmi eux : Que le sage réüssissoit à tout, jusques même à apprêter des lentilles. Sapiens omnia bene facit, quin etiam lenticulam rectè condit[2]. Proverbe que l’Auteur du Traité des Dispenses paroît n’avoir pas entendu, lorsque pour l’expliquer il dit, que sur ce qui regarde les lentilles, il faut s’en tenir à la maxime des Stoïciens, qui faisoient consister toute la sagesse d’un Philosophe à faire tout avec modération, & se contenter de lentilles, qui n’eussent d’assaisonnement qu’autant qu’il leur en falloit pour se laisser manger[3].

Nous avons observé plus haut, que, selon Hippocrate, les lentilles causoient des chaleurs dans l’estomac, & troubloient les humeurs : il ne faut pas oublier ici de rapporter une explication singuliere que l’Anonyme veut

  1. Jul. Alex. lib. 8. Salub. c. 8. Simon. Paul. Quadrip. Botan. class. 3.
  2. Ludov. Nonn. de re Cibar. lib. 1. cap. 6.
  3. Pag. 62. de la 1e. édit. & p. 105. de la 2. tom. 1.