Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/134

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donner de ce sentiment d’Hippocrate.

« Hippocrate, dit-il, ne paroîtroit pas trop convenir de tant de belles qualitez qu’on attribuoit autrefois aux lentilles, ou pour mieux dire, il ne paroîtroit pas trop s’accorder avec lui-même, en ce qu’il pense sur ce legume[1]. Dans un endroit il accuse les lentilles d’échauffer, & de porter le trouble dans les fonctions : dans un autre il met les lentilles au rang des choses froides, comme sont les courges ; tantôt il les range avec les astringens, comme le millet, tantôt il en recommande la décoction, aprés les purgatifs. Mais cette variation de sentiment vient apparemment des differentes manieres de préparer alors les lentilles. Ce qu’il dit, par exemple, de la chaleur & du trouble qu’excitent les lentilles, pourroit s’entendre d’un certain breuvage de lentilles, qui étoit d’une odeur relevée, où entrait le sel, le miel, le cumin, & l’huile. »

N’en déplaise à l’Anonyme, Hippocrate se seroit encore plus mal accordé avec lui-même, si lorsqu’il a avancé que les lentilles causoient des chaleurs, & troubloient les fonctions, il avoit entendu parler de ce breuvage, appellé de son tems, φακὸς ἐνώδης, Lenticula odorata, dans lequel entroient le sel, le miel, le cumin & l’huile,

  1. Pag. 60. de la 1e. édit. & p. 103. de la 2e. t. 1.