Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/136

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veut faire croire, il doit sçavoir que les melons, par exemple, qui sont tres-froids, causent souvent des coliques, & d’ardentes fiévres. Hippocrate, dans le Livre de l’ancienne Medecine, fait voir, par plusieurs exemples familiers, que les choses trop froides ne manquent presque jamais d’exciter en nous de la chaleur, & cet endroit ne sçauroit être trop lû de ceux qui s’imaginent que ce qui est froid ne doit jamais produire dans le corps que du froid, & que ce qui est chaud n’y sçauroit causer non plus que du chaud. Quand donc ce grand homme dit dans un endroit, que les lentilles causent des chaleurs, & dans un autre, qu’elles sont du nombre des choses froides, il ne dit rien qui renferme la moindre contradiction.

L’autre apparence de contrarieté que l’Anonyme trouve dans ce qu’Hippocrate dit des lentilles, c’est d’avancer que ce legume est astringent, & puis dans un autre endroit, d’en recommander la décoction aprés les purgatifs. Mais si l’Anonyme avoit consulté ces endroits dans Hippocrate même, il n’auroit trouvé en tout cela aucune apparence de contrarieté, puisqu’il auroit vû en premier lieu, que lorsque ce grand homme prononce que les lentilles sont astringentes, il