Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/17

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me, Ouvrage applaudi & goûté des maîtres de l’Art. C’est sur le même plan qu’il nous donne aujourd’hui l’excellent Ouvrage que voici, de plus de moitié plus riche que le premier, & par consequent plus précieux. En développant son sujet, il en fait sortir la lumiere de tous côtez, & nous apprend à démêler en mille choses qui interessent notre vie, le bon d’avec le mauvais, & le moins sain de ce qui l’est plus : avec de nouvelles forces il revient à la charge contre le Traité des Dispenses, & loin d’en laisser aucune partie à couvert des vifs & justes traits de sa censure, il frappe par tout plus fortement qu’il n’avoit fait : plus convaincu que jamais de la necessité des dissolvans, il retombe à coups redoublez sur la trituration, & acheve d’en pulveriser le sistême. Point indisposé contre les viandes de Carême, il en explique dans un beau détail, les principes & les qualitez : il avertit des dangers, sans oublier les précautions ; & conservant au maigre son innocence, il se contente d’en rabattre les vains triomphes, & de se joüer agréablement des raisonnemens & des exemples dont on les appuïe. Tout équitable à l’égard du gras, il rend, il confirme à ses sucs & leur vertu, par le suffrage même de la nature, la superiorité de bonté qu’on leur avoit voulu ôter par de faux titres ; & l’idée avantageuse sous laquelle il le represente, non plus que le bien qu’il en donne à esperer, ne va point jusques à dissimuler le mal qui en est à craindre. Il justifie pleinement de l’accusation de gras, les Amphibies usitez en Carême ; & s’interessant à la reputation des ordres de l’Eglise les plus pénitens, il renvoïe avec honneur à l’abstinence de leurs tables, ces animaux qu’injustement on y trouvoit scandaleux. Il prouve, il convainc sur l’article des Assaisonnemens, qu’on outre également la loüange & le blâme du maigre ; & pour éviter ces extrémitez, lorsque le maigre devient nuisible, il enseigne les moïens d’en adoucir l’usage, ce qu’il fait avec une reserve édifiante : de-là il passe à la discussion des Dispenses ; mais, dés l’entrée, il attaque des maximes qui lui paroissent neuves & tout-à-fait rares par leur nouveauté. Il se plaint qu’on attribue au jeûne la vertu de prolonger les jours, qui appartient à la sobrieté. Il trouve étrange qu’on croïe le jeûne le plus rigoureux incapable d’alterer la santé ; & plus inoüi encore d’avancer, que l’aïant bonne, mais occupée de violens