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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/18

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exercices, on puisse selon les forces ordinaires, se passer pendant quatorze jours de tout aliment sans devenir malade : il montre ensuite qu’on est quelquefois aussi relâché qu’on affecte de paroître rigide, & là-dessus il rappelle la permission de trois ou quatre petits repas les jours de jeûne, laquelle lui semble assez commode, & d’une morale à ne pas déplaire à la dévotion aisée ; il conteste, & peut-être avec raison, comme antidatee de quelque tems, l’obligation d’un jeûne exact, dont on fixeroit l’Epoque à l’âge de 12. à 14. ans selon la difference des sexes : moins décisif où la retenuë sied bien, il s’abstient de prononcer d’un ton de Maître, & en termes si généraux ; il distingue dans certains états entre les personnes, & les oblige de jeûner, ou les en exempte avec un égal temperamment d’équité & de prudence : il combat le double paradoxe du travail sans dissipation d’esprits, & du grand travail sans plus grand besoin de nourriture ; il prend en partie la défense des femmes grosses & des nourrices, des graveleux, & des goûteux, sans leur être trop favorable ; & au sujet de la décadence de la discipline jusque dans le Sanctuaire & dans les grotes, il ne peut souffrir qu’on accuse de relâchement nos modelles de regularité, ni se resoudre d’entrer dans le dessein de ramener les Moines à l’eau pure, moins à cause de la difficulté qu’il prevoit d’y réüssir, que pour la dureté qu’il y auroit de l’entreprendre. Il reconnoît la lâcheté du commun des Chrétiens, il dit de cœur, beaux jours de la penitence ne reviendrez-vous jamais. Mais instruit que l’Eglise d’à présent est la même que celle de ces tems heureux, il ne se croit pas obligé d’encherir sur son zele, ni de s’élever contre les adoucissemans qu’elle tolere ; & au lieu d’assujettir ses regles saintes aux menües & subtiles discussion d’une Physique obscure & incertaine, il croit faire honneur à cette science de l’assujettir à ces regles, & il en reçoit pour fidelle interprette l’exemple des gens de bien les plus reguliers & les plus irreprochables. Aprés cela il examine les diverses sortes de boissons, & à ce sujet il traite plusieurs questions importantes ; il se récrie sur la peinture affreuse qu’on fait de la soif pour en ordonner la souffrance, & tout Medecin qu’il est, il n’est point si prévenu du merveilleux mérite de l’eau, principalement sur la sagacité & l’industrie qu’on met au nombre de ses présents, qu’il ne lui préfere