mais on détruit, pour cela, tout ce qu’on a dit auparavant à l’avantage des nourritures de Carême : on nous les a représentées comme faisant un sang doux, laiteux, &c. ce n’est plus cela ici. Tout devient bilieux en Carême ; & pourquoi ce changement ? c’est qu’il s’agit de recommander l’oseille, qui est acide : car en supposant que tout devient bilieux en Carême, voilà l’acide de l’oseille d’un merite merveilleux pendant le cours de cette quarantaine. Tout devient bilieux en Carême, dit l’Auteur[1], or rien ne prévient si bien les désordres de la bile que l’oseille. La bile, continuë-t-il, est un amer que l’acide de l’oseille tempere à propos ; car le volatil de la bile est bridé par l’acide de l’oseille.
Si l’oseille eût été amere, nôtre Auteur n’en auroit pas moins conseillé l’usage en Carême ; mais ce qu’il auroit fait, c’est qu’au lieu de dire que tout devient amer en Carême, il eût dit que tout devient aigre ; & c’est ce qu’il ne manque pas de faire à l’égard du caffé. Le caffé, dit-il[2], est amer, & convient en Carême, parce qu’il corrige singulierement les aigreurs, si ordinaires dans ce tems-là. Voilà le moïen de contenter tout le monde : l’oseille est-elle saine en Carême ? trés-saine : & pourquoi ? c’est qu’en Carême tout