Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/223

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rapidité, emportent en même tems les sels essentiels du fruit, & la meilleure partie des soufres qui le composent ; en sorte qu’il faut necessairement que ce fruit demeure dénué de toute saveur[1], comme il arrive en effet ; mais s’il n’est alors bon à rien, en qualité d’aliment, il a ses usages comme médicament, & la chair d’une pomme ainsi dégelée auprés du feu, est un excellent topique contre les angelures écorchées.

Les meilleures pommes qui se mangent en Carême, sont la Calvile, la Reinette, le Courpendu, & la pomme d’Apis. La calvile, pour être bonne, doit avoir beaucoup d’odeur, & n’être que médiocrement meure. Si elle est sans odeur, elle est sans goût ; & si elle est trop meure, elle est farineuse. Il y en a de trois sortes ; sçavoir, la Calvile blanche, la Calvile rouge, & la Calvile claire. La rouge, c’est-à-dire, celle qui a la peau & une partie de sa chair rouge, est la meilleure des trois ; ce fruit renferme un suc doux, & convient à ceux qui ont des aigres dans

  1. On connoit par cette explication, comment au Printemps le soleil peut faire tant de tort aux bourgeons des plantes, lorsqu’il vient à donner dessus, aprés quelque gelée ; & comment ceux qui ont enduré un grand froid aux extrêmitez, perdent quelque-fois le nez ou les doigts, en s’approchant trop promptement du feu.