Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

traire à la nature de nos corps, & que pourvû qu’on veüille apporter quelque attention dans le choix des alimens maigres, & qu’on n’en pervertisse point la qualité, par l’abus des assaisonnemens : on peut vivre sainement de racines, d’herbages, de fruits, de poissons, &c. D’autres vont plus loin, & soûtiennent que non seulement on peut substituer sans risque, l’usage du maigre à celui de la viande ; mais que le corps ne sçauroit que gagner à cet échange ; que les alimens maigres se digerent mieux, qu’ils sont plus nourrissans, qu’ils engraissent & fortifient davantage, qu’ils produisent un sang plus gras, plus laiteux, plus abondant, & donnent par consequent plus d’embonpoint. Ceux qui tiennent ce langage prétendent arrêter par-là, les plaintes qu’on a coûtume de former contre le Carême, & on ne peut que loüer leur intention ; mais on ose dire que leur zele n’est pas éclairé, puisque de la maniere dont ils s’y prennent pour justifier l’abstinence, ils en abolissent la principale fin, qui est d’affoiblir les passions, en affoiblissant le corps. Autant donc que nous avons d’éloignement pour le sentiment de ceux qui s’imaginent que l’abstinence de la viande est incompatible avec la santé, autant en avons-