Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/34

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paré ; & là-dessus on entreprend de prouver en general, que les legumes, les herbages, les fruits, &c. se digerent mieux. Dans ce dessein on tâche d’établir comme un point fondamental, que la digestion se fait par le broïement. Il est important de bien examiner ce qu’on nous dit sur ce sujet.

« Toutes les coctions qui se font dans nos corps[1], viennent, dit-on, d’un broïement continuel qui fait tout : ce broïement commence dans la bouche, par la rencontre des machoires, il se continuë dans l’Esophage, & s’augmente dans l’estomac. Là, comme dans un muscle creux, les alimens sont petris & dissous, tant par la force extraordinaire & multipliée d’un million de fibres motrices qui agitent & meuvent ce viscere, que par l’action des muscles voisins, sur tout de ceux du bas ventre, & du diaphragme, qui tous ensemble, comme autant de mains, foulent & broïent les alimens. C’est par cette méchanique qu’ils se dissolvent & passent dans une créme fine, à peu prés semblable à celle qui se forme sous le porphire, s’ils sont de nature à se laisser briser ; mais si au contraire, ce qu’on a mis dans l’estomac est gras, onctueux, coriasse, & plein de filamens, ces matieres moins

  1. Pag. 15. 1e édit. & p. 25. de la 2. édit. t. 1.