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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/356

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un des meilleurs mets de Carême ; on les mange en ragouts, en hachis, en tourtes, en salades ; il s’en fait des coulis excellens, & il n’y a point de bonne bisque où elles n’entrent. L’usage des Ecrevisses est d’un grand secours contre l’excessive maigreur ; mais il ne faut pas qu’il soit trop continué, car leur suc renferme quelque chose de narcotique, qui à la longue peut faire du tort à la santé[1].

Du reste, c’est un fort bon manger que l’Ecrevisse, soit Hommar, Langouste, Chévrette, ou autre ; & s’il est vrai que les sauterelles dont S. Jean-baptiste se nourrissoit dans le Desert, fussent effectivement des Ecrevisses, comme le veut l’Auteur du Traité des Dispenses[2], il faut dire que, selon cet Auteur, saint Jean, dans sa vie penitente, ne faisoit point si mauvaise chere ; car l’Anonyme, ainsi que nous l’avons déja remarqué, prétend que les Moules, les Huîtres, & les Ecrevisses, sont trop délicats pour un tems de penitence, & qu’on en a trop à craindre pour la pieté Chrétienne[3]. Il ajoûte que cela est vrai, sur tout, si on

  1. Cum verò illorum usus capitis dolorem & somnia turbulenta excitet, cautiores ideò sint qui in atrophiâ præscribunt ne citiùs quàm par est, igniculum superstitem extinguant : habent siquidem narcoticum quid. Petrus Gontier, lib. 12. cap. 3.
  2. Pag. 131. de la 1e. édit. & p. 219. de la 2e. tom. 1.
  3. Pag. 135. de la 1e. édit. & p. 226. de la 2e. tom. 1.