Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/357

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s’en fait des ragouts.. Pour ce dernier article, il n’y a pas d’apparence que saint Jean raffinât beaucoup sur la maniere d’apprêter les Ecrevisses ; mais comme, selon nôtre Auteur, l’Ecrevisse même, sans qu’on s’en fasse des ragouts, ne laisse pas d’être un aliment qui convient peu dans la penitence : il n’est pas hors de propos d’examiner si saint Jean, qui faisait profession d’une vie austere, ne peut point être sauvé ici de la censure de l’Anonyme.

Sur quoi se fonde donc l’Anonyme, pour changer ainsi en un mets si peu propre, selon lui, à la penitence, les sauterelles de saint Jean ? Voici sa conjecture. « Peut-être, dit-il[1], étoit-ce de ces sortes de poissons (des Ecrevisses) que les sauterelles dont saint Jean se noutrissoit dans le Desert, du moins sçait-on certains rivages de mer, où les pauvres vivent en Eté d’une espece de Langoustes, que le peuple appelle Sauterelles ».

Voilà donc la raison pourquoi nôtre Auteur croit que les sauterelles de S. Jean étaient des Ecrevisses ; c’est qu’il y a des Ecrevisses nommées Langoustes, qu’en certains païs le peuple appelle Sauterelles. Ainsi les Sauterelles de saint Jean étaient peut-être de ces Ecrevisses ou Langoustes. Mais cette conjecture est fort mal fondée ; la Lan-

  1. Pa. 131. de la 1. édit. & pag. 219. de la 2. tome 1.