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Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/373

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cette Providence a permis que la carpe fût dans toute sa bonté. »

Nous ne prétendons pas nier que la carpe ne soit un bon poisson ; mais quand il seroit aussi excellent que la Vive & que la sole, il ne laisseroit pas d’être fort inferieur à la viande. Ainsi, on ne voit pas pourquoi l’Auteur se met tant en peine de justifier la carpe, puisque cela ne sert de rien au dessein qu’il a de prouver en détail, que de toutes les sortes de poissons qui sont d’usage en Carême, il n’y en a point qu’on ne doive préferer à la viande. La carpe, encore une fois, est un bon poisson ; mais nous soutenons de plus, que les raisons dont on vient de se servir pour le prouver, sont trés-insuffisantes, & que ce poisson trouve ici un fort mauvais Avocat. On croit, dit l’Anonyme, que la carpe est pleine de sucs impurs ; & cependant, au sentiment de M Lemeri, elle abonde en soufre & en volatil. Mais de ce qu’une chose abondera en soufre ou en volatil, est-ce une consequence qu’elle n’aura point de sucs impurs ? On en appelle à l’Auteur lui-même, qui nous disoit tout-à-l’heure, en parlant de la viande : Que n’auroit-on pas à dire contre la malignité de ses soufres ? Nous ne voulons point, au reste, examiner ici la décision de M. Lemeri, la chose importe peu.