Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/383

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ce qui doit necessairement corriger, sinon en tout, du moins en partie, les sucs visqueux de ce poisson.

L’Anguille s’apprête de plusieurs autres manieres differentes, dont nous ne ferons point le détail, nous nous contenterons d’avertir, que plus on la dépoüille de sa viscosité, & moins elle est mal-faisante.

L’Auteur du Traité des Dispenses, remarque[1] 1o. qu’un des Conviez d’Athenée disoit, qu’en matiere d’aliment délicieux, l’Anguille étoit ce qu’est une Reine au dessus des autres femmes. 2o. Que les Epicuriens trouvoient autant de plaisir dans l’Anguille que de charmes dans Helene. 3o. Qu’il étoit ordinaire aux anciens Grecs d’honorer l’anguille du nom de Reine, de Nymphe, de Vierge, de Belle, d’Astre, & de Déesse. Mais toutes ces fleurettes que l’Auteur conte à l’Anguille, & qu’il a prises, quoi-que sans en rien dire, dans le Livre de Pierre Gontier, sur les poissons, ne servent de rien ici pour prouver que la chair de l’Anguille vaille mieux que celle de tous les Quadrupedes, & de tous les oiseaux. L’Anguille renferme un suc visqueux & pesant, qui ne sçauroit être favorable à l’estomac : c’est ce que l’experience fait voir, & de quoi conviennent les plus célèbres Medecins, qui ont examiné

  1. Page. 147. de la 1e. édit. & p. 245. de la 2e. tom. 1.