Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/401

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re avec du sel, du poivre, du laurier, & de fines herbes, aprés quoi on prépare un peu de chocolat, de la même maniere que si c’étoit pour le boire, & on le jette dedans : la Macreuse étant cuite de la sorte, on la mange avec tel ragoût que l’on veut. On remarque qu’elle est beaucoup moins coriasse, ainsi préparée, que d’aucune autre maniere : ce qui vient de la substance fine & sulfureuse du chocolat, qui en penetrant la chair de la Macreuse, en attendrit les fibres. On fait encore de cet Amphibie un mets assez innocent, en le faisant rôtir à la broche, aprés en avoir rempli le corps, d’une pâte composée de mie de pain, de sel, de poivre, de clou de girofle, de feüilles de laurier, de thim, d’écorce d’orange, de persil, de vin rouge, & de beurre. Mais aprés tout, comme ce n’est qu’à force de soin qu’on peut rendre cet aliment, ou supportable au goût, ou innocent pour la santé, il y a sujet de s’étonner que dans les lieux où il n’est pas commun, on le préfere à tant d’autres, qui sont meilleurs par eux-mêmes, qu’on peut avoir plus facilement, & qui demandent moins de préparations.