Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/408

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on ne parviendra jamais à les accoûtumer à vivre long-tems hors de l’eau. On doute, poursuit nôtre Auteur[1], qu’au portrait qu’on vient de faire du poisson, on reconnaisse la Macreuse, le Loutre, la Tortuë, ni même la Grenoüille : car il n’est rien à quoi ils ressemblent si peu. Ils n’ont pas d’oüies, par exemple, parties cependant presque universellement propres aux poissons, puisqu’on les remarque en ceux même dans lesquels on démêle moins bien les parties, comme dans les Moules, les Huitres ; ces animaux n’ont point encore de nageoires ; mais des pieds, & même des ailes : ils ont beaucoup de sang, & des os trés-bien formez : de sorte que souvent on ne les distingueroit pas des autres animaux, les moins ressemblans aux poissons. Enfin, tous ces animaux ne sont pas si absolument dépendans de l’eau, qu’ils ne puissent vivre sur terre. Il faut donc conclurre que les Macreuses, les Loutres, &c. ne sont point des poissons. Pourquoi d’ailleurs le seroient-ils plûtôt que les Plongeons, les Poules, & les Rats-d’eau, qu’on n’a encore osé faire passer pour poissons ? La Poule-d’eau, sur tout, qui étoit comme la Macreuse des Anciens, n’étoit point un poisson, selon eux ; mais un oiseau aquatique. C’est qu’un animal

  1. P. 158 de la 1e. édit. & pa. 263. de la 2e. tom. 1.