Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/411

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Tortuë ont des os. Mais est-ce sérieusement qu’on nous parle ainsi ? Car enfin, qu’est-ce que ce corps solide, qui s’étend depuis la tête du poisson jusqu’à la queuë, sinon l’épine du poisson, accompagnée de ses côtes ? Or, qu’est-ce que l’épine, dans les poissons qui l’ont dure, sinon un assemblage d’os[1] ? A la verité, les côtes de la plûpart des poissons sont appellées en François Arêtes ; mais c’est à cause de leur figure ; qui les fait ressembler à ces piquans, qu’on remarque aux épics, & qui sont nommez en Latin Aristæ ; d’où on a fait le mot d’Arête ; ainsi, prétendre, comme on fait ici, que les poissons n’ont point d’os, parce qu’ils ont des arêtes, c’est prétendre que le cerf n’a point de cornes, parce qu’il a un bois. Au reste, il faut que nôtre Auteur, ne sçache pas qu’on dit désosser un poisson, comme on dit, désosser un liévre ; & que les Marchands vendent de deux sortes de Thon, dont l’un s’appelle Thon desossé, parce qu’on en a ôté les arêtes ; il ne sçait pas non plus apparemment, qu’il y a dans la tête de plusieurs poissons, des os fort estimez contre certaines maladies[2]. Que dira-t-il, sur

  1. L’épine du Lamantin est composée de vingt-cinq vertebres, fort dures, semblables à celles du cheval.
  2. Ossiculum cruci-