Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/443

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examiner là-dessus, la Macreuse, le Loutre, la Tortuë.

La premiere raison, c’est donc que l’intention de l’Eglise a été d’interdire aux Fideles pendant le Carême l’usage des viandes trop succulentes ; & qu’ainsi, en cas qu’un animal, quand ce seroit même un quadrupede, n’ait rien de plus succulent qu’un poisson, l’usage en pourra être permis en Carême. Or sur ce principe, si la Macreuse & le Loutre n’ont rien de plus succulent que le Poisson, il faudra dire que l’usage en devra être permis dans les tems d’abstinence. Voïons donc si ces animaux sont plus succulens que les poissons qu’on a coûtume de manger.

Il faut écouter sur cela nôtre Auteur lui-même. « La Macreuse, dit-il[1], a une odeur insupportable de marécage, que les friands ont peine à pardonner aux meilleurs poissons. On a découvert qu’elle est d’un suc grossier, terrestre & rebelle à l’estomac. Le Loutre a une chair si puante & si dégoutante, qu’elle a besoin de toute l’habileté d’un Cuisinier, pour devenir supportable au goût ; & avec tout cela, elle n’en est pas moins dangereuse à la santé[2]. Elle est grossiere, dure à digérer, & trés-propre par sa qualité terrestre à rallentir la circulation du sang, & à faire mille obstructions. A la verité, cer-

  1. Pa. 161. & 162. de la 1e. édit. & pa. 268. de la 2e. tom. 1.
  2. Pa. 162. & 163. de la 1e. édit. & pa. 271. de la 2e. tom. 1.