Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/444

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taines Communautez se permettent le Loutre ; mais elles le font apparemment pour se mortifier : enfin, le Loutre est un pitoïable mets. »

Selon ce portrait, la Macreuse & le Loutre doivent être permis de plein droit en Carême ; car outre qu’ils sont bien moins succulens que la Grenoüille, ce soulagement des pauvres, & cette consolation des riches, pour parler le langage de nôtre Auteur ; ils le sont encore bien moins que l’Anguille, que la Carpe, dont il dit tant de bien, & sur tout que l’Aloze, ce manger délicieux, qui auroit, dit-il, fait trop de plaisir à l’homme si l’on y avoit trouvé moins d’arêtes[1].

La seconde raison, c’est que les Grenoüilles ont peu de sang ; mais outre qu’une Grenoüille n’a pas moins de sang qu’un oiseau de sa grosseur ; nous avons montré plus haut, qu’il n’est pas même nécessaire pour qu’un animal soit un veritable Poisson, qu’il n’ait que peu de sang ; à plus forte raison cette condition ne sera-t-elle pas requise, pour qu’il ne fasse que tenir de la nature du poisson. Au reste, l’Auteur a-t-il oublié que pour mieux recommander l’usage de la Carpe dans les tems d’abstinence, il a dit qu’aucun autre poisson n’avoit tant de vrai sang ; il faut donc conclurre, ou que la rai-

  1. Pag. 155. de la 1e. édit. & p. 258. de la 2e. tom. 1.