Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/451

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toutes les parties la moins abondante en esprits.

La Tortuë, nous le répetons, a peu de volatil : l’on en demeurera d’accord, si l’on fait reflexion à la nature de son sang, qui, comme celui des poissons, est moins animé d’air, que celui des oiseaux & des quadrupedes. Dans tous les animaux, l’air se mêle avec le sang ; c’est l’air qui entretient le mouvement de cette liqueur ; c’est l’air qui lui donne du ressort, qui l’anime par une douce fermentation, & qui contribuë à la génération des esprits, premiers moteurs de toute la machine[1]. Plus ce sang est penetré d’air, & plus il est vif ; moins il en renferme & moins il est actif : or le sang de la Tortuë est en ceci comme celui des poissons ; il renferme peu d’air ; en voici la raison. Dans l’homme & dans la plûpart des animaux, le sang ne sort du cœur, & ne se porte de-là à toutes les parties, qu’aprés avoir puisé dans les poumons une portion considerable d’air ; en sorte que tout le sang qui se distribuë, est, pour ainsi dire, imbibé d’air[2] : ce qui le rend plus actif & plus volatil. Mais dans la Tortuë, il n’y a guéres que le tiers du sang qui aille prendre de l’air dans les poumons, cette por-

  1. Hist. de l’Académie, 1701.
  2. Hist. de l’Académie, 1701.