Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/494

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des oiseaux, aïant des ailes de cartilages : ce n’est donc point sur la simple apparence qu’il faut raisonner ici ; & le faire, c’est se conduire plus par imagination que par raison.

Pour ce qui est de la seconde ; sçavoir, que le Pilet & le Canard, ont le même goût ; il faut, pour tenir ce langage, n’avoir jamais mangé de l’un & de l’autre : ce sont deux goûts tout differens, & qui n’ont nul rapport. De plus, quand ces goûts auroient quelque chose d’un peu approchant, ce qui n’est pas, il ne s’ensuivroit point que le Pilet fût de la chair, ou il faudroit dire que l’Esturgeon & le Thon en seroient ; parce qu’ils ont un goût qui approche un peu de celui du Veau ; mais ce goût, si l’on y prend garde, est accompagné d’une saveur huileuse, qui est commune à tous les poissons, quoi-qu’elle ne domine pas dans tous également, laquelle ne se trouve point dans la viande. Or c’est de cette saveur d’huile, que se doit prendre, par rapport au goût, la ressemblance de certains animaux avec le poisson, saveur qui se trouve réellement dans le Pilet, dans la Macreuse, dans la Blairie, &c.

La troisiéme raison, que la graisse du Pilet & celle du Canard, ne sont point differentes, contrarie l’expe-