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plusieurs autres sortes d’alimens, comme la Carpe, le Brochet, &c. d’autres d’herbes & de fruits, comme le Veau marin, qui sort de la mer pour aller chercher des bleds verds[1], des raisins, & autres choses semblables. Or cela n’empêche point que tous ces poissons, lorsqu’ils ne trouvent pas leur nourriture ordinaire, ne puissent en prendre d’autres. La Carpe, par exemple, le Brochet, & plusieurs poissons, se nourrissent fort bien de pain, de grain, de laituë, &c. lorsqu’on les tient dans des reservoirs. Le Pilet pourroit bien en faire de même, lorsqu’on l’a pris, & ce ne seroit que par accident.

Mais aprés tout, si c’est la nourriture qui fait la difference de la chair & du poisson, il faut donc dire que tous les oiseaux qui suivent l’eau, & qui vivent de coquillages, ou d’autres sortes de poissons, sont poissons ; & que les poissons qui vivent de chair, sont chair. On seroit, sans doute, mieux fondé à avancer cette proposition, toute absurde qu’elle est, qu’à soutenir, comme on fait, que parce que le Pilet, quand il est hors de la mer, mange du pain, du bled & de l’orge, il ne peut tenir de la nature du poisson.

  1. Belon, Traité des Poissons.