Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome I.djvu/517

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que de la langue pour goûter leur chair.

C’est en se servant de cette regle que l’on connoît qu’il est licite de manger en tout tems des Limaçons, des Sauterelles, des Viperes, & autres semblables animaux, même tout terrestres comme la tortuë de terre ; parce que ces animaux ont le sang froid au toucher.

C’est aussi par la même regle qu’on ne fait point difficulté de manger les jours maigres, des Grenoüilles, & des Loutres, nonobstant leur sang chaud ; parce que ces animaux vivent long-tems sous l’eau, comme le poisson, sans être suffoquez.

Enfin, on voit par-là que la Macreuse ne doit point être comprise sous le nom de chair, puisqu’elle a le goût & la saveur du poisson, & que de plus, à consulter le toucher, son sang[1] est plus froid que chaud.

Il ne peut naître aucun abus de cette

  1. Nous mettons la circonstance du toucher, parce qu’il ne s’agit pas ici d’un froid ou d’un chaud absolu ; mais seulement d’un froid & d’un chaud relatif, y aïant à parler absolument, aucun animal qui n’ait le sang chaud, & même à un degré assez considerable, puisqu’il n’y en a point qui n’ait le sang liquide, plus ou moins ; car la liquidité ne s’entretient que par un certain degré de chaleur, en sorte que l’eau même la plus froide, doit être, en ce sens, regardée comme chaude, lorsqu’elle n’est pas glacée.